Les années 1890
Commerce des peaux de bœuf musqué
Le bœuf musqué (Ovibos moschatus) a fait l’objet d’une chasse intensive dès les années 1860. C’est parce que le bœuf musqué a la capacité de s’adapter au climat arctique que sa peau est aussi prisée. Son pelage est constitué de poils extérieurs rugueux qui recouvrent une couche de laine, généralement appelée « qiviut » en inuktitut. On se servait de toisons de bœuf musqué traitées comme couvertures chaudes. La peau était très appréciée pendant les hivers nordiques de la fin des années 1800 au début des années 1900.
On troquait les peaux de bœuf musqué dans tous les postes de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Sur le bras nord du Grand lac des Esclaves, Fort Rae était le centre de la plupart de ces échanges.
Selon les registres de la Compagnie de la Baie d’Hudson datant d’entre 1860 et 1915, 17 485 peaux de bœufs musqués ont été troquées au sein de ses postes aux Territoires du Nord-Ouest. Ce nombre ne comprend pas les peaux échangées dans les postes de traite indépendants ou emportées par les baleiniers écossais ou américains. Le nombre total des peaux de bœuf musqué vendues entre 1860 et 1915 s’élève à plus de 22 000.
Le déclin des troupeaux de bœufs musqués laissait présager la surexploitation ultérieure d’autres espèces à fourrure en raison d’un piégeage excessif aux Territoires du Nord-Ouest. En 1916, il ne restait plus que 400 à 500 troupeaux de bœufs musqués sur le continent arctique. Le gouvernement canadien a fini par promulguer une loi pour les protéger en 1917, sans consulter ou presque les peuples autochtones qui dépendaient de ces troupeaux pour se nourrir. Le refuge faunique de Thelon, établi en 1929 dans le centre de l’Arctique, devait créer une zone de protection des troupeaux.
Le nombre de bœufs musqués a lentement augmenté jusqu’en 1960 environ. Depuis lors, les effectifs ont connu une croissance suffisamment fulgurante pour supporter les activités de chasse communautaire et une production alimentaire commerciale, mais ils restent une espèce à surveiller.