1992
La tragédie de la mine Giant
Le 18 septembre 1992, une explosion souterraine à la mine Giant tue neuf mineurs. Cette tragédie est le résultat d’une grève des mineurs réputée pour être le conflit de travail le plus sanglant de l’histoire du Canada. Les Yellowknifiens, dont beaucoup vivent au-dessus des galeries minières, se souviennent encore de l’endroit où ils se trouvaient ce jour-là, lorsque la colère et la violence de la grève, suscitant la polarisation dans la population, ont éclaté sous terre. Chris Neill, Joe Pandev, Norm Hourie, David Vodnoski, Shane Riggs, Robert Rowsell, Malcolm Sawler, Arnold Russell et Vern Fullowka ont perdu la vie.
En 1990, la mine Giant est une mine d’or au crépuscule de sa vie. Les nouveaux propriétaires, Royal Oak Mines, ont instauré des mesures de réduction des coûts afin de rendre la mine plus rentable pendant la récession et la baisse des prix de l’or. Les tensions croissantes entre la direction et les employés syndiqués, représentés par l’Association canadienne des travailleurs de fonderie et ouvriers assimilés (CASAW), entraînent des désaccords importants lors des négociations contractuelles. Le 23 mai 1992, le syndicat des mineurs est officiellement en grève.
Il est évident dès le début que la grève sera longue et qu’elle risque de devenir violente. Dans un geste sans précédent, Royal Oak fait appel à des travailleurs de remplacement pour assurer le fonctionnement de la mine et engage la société Pinkerton Security pour les protéger, ainsi que les biens de la mine, contre les grévistes. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) réagit à la menace croissante de violence en envoyant des agents de renfort et une escouade antiémeute.
L’escouade de la GRC est appelée à intervenir le 11 juin alors que des grévistes, des policiers et des gardiens s’affrontent devant l’entrée principale de la mine. Lorsque la police maîtrise finalement la situation, elle arrête 29 personnes, les accusant de diverses infractions.
Le 30 juin, il apparaît que des intrus se rendent sous terre pour laisser des mots de menace aux travailleurs. L’audace des vandales s’accroît : des poteaux électriques sont coupés, des stations de pompage partent en flammes et des bombes explosent, endommageant considérablement les infrastructures de la mine, y compris l’usine de ventilation. La violence et le vitriol se répandent dans les rues de Yellowknife, car personne dans la collectivité n’est à l’abri du conflit.
Le matin du 18 septembre, la rumeur d’un accident majeur se répand. À 8 h 35, une explosion inhabituelle a été entendue et ressentie dans les profondeurs de la mine. Les mineurs qui enquêtent trouvent un wagonnet de transport des personnes mutilé et les restes de neuf hommes.
À peine quelques jours plus tard, il est clair que l’explosion n’est pas un accident. Après une longue enquête de police, Roger Warren, un gréviste mécontent, est inculpé et finalement reconnu coupable de neuf chefs d’accusation de meurtre au second degré. Le procès devant jury, long et laborieux, prend en compte les aveux de Warren, puis sa rétractation ultérieure. La collectivité reste divisée entre ceux qui croient le premier aveu de culpabilité et ceux qui refusent de croire que Roger Warren est capable d’assassiner en loup solitaire d’anciens frères syndiqués et des travailleurs de remplacement. En 2003, Warren avoue de nouveau, assumant la responsabilité du jour où neuf hommes ont perdu la vie. Warren obtient une mesure de semi-liberté en 2014. Il décède en 2019 à l’âge de 75 ans.
La grève de la mine Giant prend fin en décembre 1993 après la résolution de l’enquête criminelle et l’arbitrage de tous les désaccords contractuels restants. La Royal Oak continue à produire de l’or à Yellowknife jusqu’à sa faillite en 1999. Pourtant, la collectivité minière ne s’est jamais vraiment remise de la tristement célèbre grève de 1992-1993 et de la mort injuste de neuf mineurs.