1905

Qimnaq Klengenberg et le parka Mère Hubbard

Née en 1878 à Port Hope, en Alaska, l’Inupiate Qimnaq (Gremina, Kemnak) Klengenberg a épousé Christian Klengenberg en 1893. Elle a voyagé avec M. Klengenberg sur la côte arctique, établissant des postes de traite et soutenant son mari commerçant de fourrures dans les premières décennies du 20e siècle. On la décrivait comme « astucieuse et énergique ». En 1905, alors que Qimnaq et sa famille, ayant quitté l’Alaska, gagnaient progressivement l’Arctique de l’Est, Christian Klengenberg s’est fait engager comme accompagnateur d’une expédition à l’île Herschel.

Le mari de Qimnaq, Christian, avait quitté le Danemark pour s’installer en Alaska afin de « découvrir le véritable Arctique ». M. Klengenberg était un personnage haut en couleur se livrant au commerce avec les Inuvialuits et les Inuinnait. Parmi ses expériences de vie, mentionnons une accusation de meurtre dont il a fait l’objet, suivie d’un procès et d’un acquittement à San Francisco en 1906. L’union de Qimnaq et de Christian a donné lieu à une grande famille de la côte arctique composée de huit enfants dont les descendants conservent leurs liens avec la région encore aujourd’hui.

L’héritage le plus durable laissé par Qimnaq dans le Nord est sans doute l’introduction du parka Mère Hubbard. Ce style de parka remonte aux missionnaires d’Hawaii. Le modèle comprend une capuche en fourrure, souvent en motif soleil radié, et une longue surveste en coton avec une doublure intérieure en lainage feutré, généralement brodée ou avec un motif en applique. Ce style s’est vite imposé comme symbole d’une famille de commerçants de fourrures prospère, car le coût du coton était élevé. Le parka de Qimnaq reste un style classique de veste d’extérieur pour femmes de l’Arctique occidental; il est porté par-dessus une fourrure ou un duffle-coat.

Qimnaq a disparu lors d’une tempête en 1931. L’influence indélébile qu’elle a exercée sur le style vestimentaire de l’Arctique occidental et les nombreux Klengenberg qui demeurent dans la région la classent parmi les véritables matriarches de la côte arctique.