2004
L’exploitation aurifère à Yellowknife : la fin d’une époque
« Yellowknife » et « or » sont pratiquement des synonymes. Cette collectivité des Territoires du Nord‑Ouest, située à l’arrière de la baie de Yellowknife, a été le centre de l’une des principales régions productrices d’or du Canada pendant 65 ans. Ce chapitre s’est terminé en 2004 lorsque la dernière mine d’or de Yellowknife a fermé.
Les premières concessions aurifères productives ont été jalonnées autour de la baie de Yellowknife en 1934. À la fin de la décennie, on dénombrait deux mines d’or actives – Con et Negus – et plusieurs projets en cours d’exploration et de développement. La collectivité de Yellowknife devait servir de centre d’affaires et de commerce de l’activité minière régionale : d’abord un district administratif sous les auspices d’Ottawa, elle est devenue plus tard une municipalité dotée d’un conseil municipal entièrement électif.
Les activités aurifères ont brièvement ralenti pendant la Deuxième Guerre mondiale, les métaux stratégiques, comme le tungstène et l’étain, étant devenus plus importants pour l’effort de guerre. Mais dans l’économie d’après-guerre, l’or est redevenu un produit de base puissant sur le marché, et Yellowknife était bien placée sur le plan géologique pour en profiter. Les concessions de la mine Giant ont fait l’objet d’une évaluation approfondie qui a révélé un vaste gisement d’or dans une zone de cisaillement située sous le ruisseau Baker. Il s’agissait du plus important tonnage de minerai d’or jamais identifié aux Territoires du Nord-Ouest, et Giant a coulé ses premières briques d’or en 1948.
Les employés de la mine et leurs familles faisaient partie intégrante de la culture et de l’économie de Yellowknife. Cependant, les répercussions de l’exploitation minière sur la collectivité n’étaient pas toutes positives. La pollution par l’arsenic provenant des mines contribue à une vision négative de l’héritage de cette industrie, tout comme le manque d’emplois proposés aux résidents autochtones, qui n’ont par ailleurs pas été suffisamment consultés.
À la fin des années 1980, les jours de gloire touchaient à leur fin. Les mines Con et Giant avaient épuisé les gisements les plus riches, et le coût élevé de l’exploitation de ces mines vieillissantes n’intéressait plus les investisseurs initiaux. Les mines ont été vendues à des sociétés qui espéraient extraire les minéraux restants de la terre au coût le plus bas possible. Cette situation a envenimé les relations de travail, entraînant des grèves des travailleurs dans les deux mines dans les années 1980 et 1990. La grève meurtrière de la mine Giant en 1992-1993 a accéléré la désillusion de Yellowknife à l’égard de l’exploitation aurifère avant même que l’or ne s’épuise.
En 1999, Royal Oak Mines, propriétaire de la mine Giant (Royal Oak Mines), a fait faillite en raison de la faiblesse persistante des prix de l’or sur le marché. Les baux de surface et les conséquences environnementales sont devenus la responsabilité du gouvernement du Canada. Un accord a été conclu avec les propriétaires de la mine Con pour poursuivre l’exploitation souterraine de la mine Giant et le traitement du minerai à Con. Ces opérations de récupération ont duré quelques années, la mine Con ayant fermé en 2003 et la mine Giant en 2004.
La fin de l’exploitation des mines d’or n’a pas été le désastre économique auquel certains s’attendaient pour Yellowknife. Le développement des mines de diamant et un essor de la construction ont contribué à faciliter la transition vers l’abandon de la production d’or, une tendance que Yellowknife poursuit au 21e siècle.
Pourtant, l’héritage de l’or continue de hanter Yellowknife. Après des années de planification et de consultation avec la collectivité, l’assainissement du site de la mine Giant est en cours. En 2022, le coût de l’assainissement s’élevait à plus de 4 milliards de dollars, et ce projet fournira des emplois à une autre génération de travailleurs. D’autres mines régionales seront nettoyées aux frais du contribuable, alors que l’entreprise propriétaire de la mine Con est restée solvable et a nettoyé la mine conformément aux règlements environnementaux des TNO. Les travaux visant à apaiser les craintes du public concernant la pollution par l’arsenic et à restaurer le paysage endommagé de Yellowknife ne font que commencer.