1858
Arrivée des missionnaires dans le Nord
Du début jusqu’au milieu des années 1800, au fur et à mesure que la traite des fourrures s’étendait, les missionnaires chrétiens entretenaient l’espoir de répandre leur foi aussi loin que possible dans le Nord. Des missionnaires représentant les religions catholique romaine (oblats et Sœurs Grises) et protestante (principalement anglicane) firent leur apparition dans le district du fleuve Mackenzie dès les années 1830. La Compagnie de la Baie d’Hudson désapprouvait la présence de ces missionnaires, préférant les tenir à l’écart de ses territoires de peur que leur présence ne perturbe les activités commerciales. La Compagnie de la Baie d’Hudson parvint à retarder l’établissement de missions aux Territoires du Nord-Ouest en réservant son appui pendant de nombreuses années.
Cependant, avant les années 1840, les pressions exercées par les églises pour des changements avaient porté leurs fruits. Les gouverneurs de la Compagnie de la Baie d’Hudson étaient alors convaincus que la religion pouvait exercer une influence « civilisatrice » par une augmentation du volume de fourrures achetées auprès des peuples autochtones. Le premier missionnaire catholique à atteindre le district de Mackenzie-Athabasca est arrivé à Fort Chipewyan en 1847. En 1852, le père Faraud s’est rendu à Fort Resolution, sur le Grand lac des Esclaves, et y a réalisé les premiers baptêmes.
C’est en 1858 que la première mission a été établie aux Territoires du Nord-Ouest lorsque le prêtre oblat Pierre-Henry Grollier y a érigé des maisons pour missionnaires catholiques à Fort Resolution et Fort Simpson. Les marchands anglicans de la Compagnie de la Baie d’Hudson à ces postes ont tenté de dissuader les prêtres, mais George Simpson, le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson a ordonné à ses hommes de ne pas intervenir. En 1861, il y avait des missions catholiques à Fort Rae, Fort Simpson, Fort Norman, Fort Good Hope et Fort Providence. L’église catholique Our Lady of Good Hope, fondée en 1865 par le prêtre oblat Emile Petitot, est la plus ancienne église des Territoires du Nord-Ouest encore debout aujourd’hui.
Les prêtres oblats catholiques étaient d’autant plus motivés à étendre leur portée compte tenu de l’arrivée de missionnaires anglicans, ce qui a donné lieu à une période d’intense rivalité. L’Église anglicane a envoyé en 1858 l’archidiacre Hunter le long du fleuve Mackenzie afin d’en apprendre davantage sur le Nord et ses habitants. Son successeur, William West Kirkby, missionnaire très zélé et peu sympathique à l’égard des fidèles catholiques, a établi le quartier général de la mission anglicane à Fort Simpson en 1859 pour lui permettre de s’étendre plus au nord. Kirkby et Grollier ont voyagé ensemble comme adversaires alors qu’ils s’efforçaient de convertir les groupes autochtones en territoire gwich’in, y compris au Yukon.
Le ministre anglican Robert McDonald a établi une mission à Fort McPherson sur la rivière Peel en 1862. Le révérend William Bompas, qui a passé de nombreuses années dans le Nord, s’est consacré partir de 1865 à un ministère itinérant, visitant des camps autochtones. En 1870, il est devenu le premier missionnaire anglican à se rendre dans la région des Inuvialuits. Le révérend Isaac Stringer a établi une mission permanente à l’avant-poste baleinier de l’Arctique sur l’île Herschel en 1897. Une inscription au journal de Stringer relate que : « Ils n’avait jamais appris le nom de Dieu autrement qu’à titre de blasphème employé par les baleiniers. Ils ne semblaient pas animés d’une soif d’apprendre. » Stringer a lentement appris l’inuvialuktun et traduit de nombreux textes des Écritures et des hymnes dans cette langue.
La rivalité entre les confessions religieuses et leurs fidèles a pris de nombreuses années à se stabiliser et, au tournant du XXe siècle, les deux confessions disposaient de missions dans la plupart des postes de traite des TNO. Certaines communautés du Nord sont finalement devenues majoritairement catholiques, tandis que d’autres sont devenues principalement anglicanes. Les fonctions de ces missions se sont étendues de façon à inclure l’établissement des premiers hôpitaux et écoles des Territoires du Nord-Ouest.