Les années 1770
des années de guerre et de paix
Les histoires orales des Tłı̨chǫ et Dénés Yellowknives ont en commun le récit de guerres entre les deux peuples qui ont débuté dans les années 1770 et se sont terminées 50 ans plus tard par une paix fragile. L’explorateur britannique Samuel Hearne a soutenu la thèse que le conflit portait sur la traite de biens. Dans le récit publié de son voyage du Fort Prince-de-Galles sur la baie d’Hudson jusqu’à l’embouchure de la rivière Coppermine, M. Hearne rapporte : « … une guerre s’en est suivie entre les deux tribus, à cause de quelques pièces de ferraille qui avaient été laissées parmi elles; les Indiens Flancs-de-Chien sont si nombreux et ont tant de succès. » M. Hearne ne maitrisait sans doute pas toute l’histoire puisqu’il n’aurait pas pu connaître la complexité des relations sociales hostiles. Les journaux de Hearne mentionnent le plus souvent des Dénés Yellowknives combattant et tuant des Tłı̨chǫ. Les hostilités se sont poursuivies jusqu’aux années 1800. Les registres de la Compagnie de la Baie d’Hudson indiquent que les Tłı̨chǫ ont riposté en octobre 1823 en tuant 34 Dénés Yellowknives.
Selon les récits des Tłı̨chǫ, c’est grâce aux talents oratoires du chef Edzo que le chef Akaitcho des Dénés Yellowknives a été convaincu d’accepter la paix. Les Dénés Yellowknives et les Tłı̨chǫ ont scellé cet accord par une grande célébration, qui s’est conclue par une danse ayant duré deux jours. Le cercle de cette danse peut encore être vu aujourd’hui sur les rives du lac Mesa. Les chefs Akaitcho et Edzo ont demandé à leurs peuples respectifs de se marier entre eux afin que le traité de paix soit respecté à jamais.
Les Tłı̨chǫ et les Dénés Yellowknives n’étaient pas les deux seules nations à entretenir des relations complexes. Le journal publié par Samuel Hearne raconte une violente altercation entre son guide Matonabbee, leurs compagnons de voyage Dénés, et un groupe d’Inuits qui campaient près de la rivière Coppermine et de la côte arctique. M. Hearne a écrit son histoire après son retour en Angleterre, et de récentes recherches sur les événements survenus à l’endroit qu’il a appelé Bloody Falls laissent entendre que le massacre n’aurait peut-être pas eu lieu; cependant, les rancunes entre les Inuits et les Dénés ont persisté jusqu’au siècle suivant. Les Inuvialuits hésitaient à se rendre aux nouveaux postes de traite des fourrures situés dans le delta du Mackenzie, de sorte que la Compagnie de la Baie d’Hudson a établi Fort Anderson pour tenter de tirer profit de la traite des fourrures dans la région de la rivière Anderson.
Les Dénés et les Inuits se sont également retrouvés pris entre les guerres commerciales de plus en plus violentes entre la Compagnie de la Bay d’Hudson et ses rivales du libre-échange, généralement contrôlées par les commerçants de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie XY le long des réseaux hydrographiques du fleuve Mackenzie et de la rivière Athabasca. Ces rivalités se terminèrent naturellement après 1820 grâce à la fusion des grandes compagnies sous l’empire d’un conglomérat pour la traite des fourrures, qui s’étendait de la côte de l’Atlantique à celle du Pacifique, jusqu’à la côte de l’Arctique.