1928
Épidémie de grippe
À l’été 1928, le navire de ravitaillement de la Compagnie de la Baie d’Hudson, le SS Distributor, effectue son voyage annuel sur le fleuve Mackenzie pour distribuer les paiements prévus par les traités. En règle générale, le voyage annuel du SS Distributor permet aux gens des postes de traite de rencontrer les membres de leur famille, de réapprovisionner les campements et de se préparer pour le long hiver. Comme, les hivers précédents, le gouvernement avait imposé des restrictions sur la chasse en raison de la diminution des stocks d’animaux à fourrure, la chasse avait été mauvaise, et on attendait avec impatience le SS Distributor. Toutefois, à son arrivée, ce n’est pas le soulagement qu’il apporte, mais plutôt la souffrance et la mort. En effet, les passagers sont atteints d’une grippe virulente.
Comme les Autochtones n’ont jamais été exposés à la grippe, une épidémie mortelle frappe causant la mort d’environ 10 % à 15 % des Autochtones des Territoires du Nord-Ouest. Le rapport de police signale le décès d’environ 200 Autochtones et non-Autochtones, mais ce nombre, largement sous-estimé, est sans doute limité aux secteurs de patrouille de la GRC. La grippe entraîne beaucoup de décès dans les régions éloignées; on raconte même qu’à certains endroits, personne ne survit pour enterrer les morts. Philip H. Godsell, inspecteur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, écrit : « Tous les jours, le triste glas se réverbérait sur toute la longueur de l’immense fleuve proclamant le décès d’une autre personne et encore une autre. Très rapidement il fut impossible de creuser suffisamment de tombes pour tous les morts; alors, les corps furent enveloppés dans des couvertures et enterrés dans une fosse commune. »
Dans les postes de traite de la vallée du Mackenzie et le long de la côte de l’Arctique, la Gendarmerie royale du Canada, le clergé et les employés de la Compagnie de la Baie d’Hudson s’occupaient des malades souvent malades eux-mêmes. Les familles ont perdu leurs aînés, leurs chasseurs et les soignants, contribuant à alourdir le fardeau et le traumatisme des survivants. Plusieurs demandes ont été présentées pour obtenir davantage d’aide médicale comme convenu dans les négociations des traités pour le district du Mackenzie. Les horreurs vécues à l’été 1928 ne seront jamais oubliées.