1937
Fort Resolution refuse le traité
Chaque année, au mois de juillet, un représentant du gouvernement canadien parcourait le territoire des Traités nos 8 et 11 pour distribuer des paiements de 5 $ par personne aux résidents, à l’exception des chefs qui eux recevaient 15 $, ainsi que de la corde, des filets de pêche, des provisions alimentaires, des vêtements pour les chefs, des fournitures médicales et des balles, comme promis dans les traités. Les populations locales profitaient de l’occasion pour faire part de leurs doléances au représentant du gouvernement. En 1937, les sujets de doléances sont nombreux : loi sur la chasse interdisant les collets, poursuite du piégeage par avion et piégeage excessif sur les terres traditionnelles. L’imposition de lois sur le gibier contraires aux traités, qui reconnaissent les droits de chasse et de piégeage des Autochtones, est au cœur de la liste croissante des plaintes. L’arrivée tardive des rations alimentaires promises par les traités suscite également une grande colère, car la majorité d’entre elles arrivent après les rassemblements, lorsque les gens sont déjà retournés sur les terres ancestrales. Une promesse est une promesse et les Dénés s’attendent à ce que le gouvernement canadien remplisse sa part du contrat.
En juillet 1937, lors du Jour du traité, les chefs dénés de Fort Resolution refusent d’accepter le paiement de l’agent des Indiens en guise de protestation face à ces nombreux problèmes. Refusant de continuer à négocier avec cet agent obstiné, les chefs Samuel Simon, Alexis Beaulieu, Pascal Jean, Pierre Smith et Susie Abel envoient un télégramme à Ottawa pour demander une rencontre avec le gouverneur général. Cet été-là, la colère se répand dans la région jusqu’à ce que les habitants de Fort Rae et de la rivière Yellowknife présentent leurs doléances à l’agent des Indiens. Le Edmonton Bulletin reconnaît « qu’il n’y a pas grand-chose dans notre traitement des Indiens qui ait un goût de justice ou qui garantisse le bien-être et la prospérité des gens que nous avons dépossédés de leurs terres. »
La période qui suit la signature du Traité no11 en 1921 est marquée par le désespoir des Dénés; refuser d’accepter les paiements prévus par ce dernier en 1937 est un acte de résistance qui sensibilise la population aux conditions de vie qui leur sont imposées par le gouvernement canadien. Les chefs de Fort Resolution refusent de continuer à collaborer avec l’agent des Indiens local, ce qui conduit à son remplacement. Les Dénés acceptent à nouveau de recevoir les paiements des traités, mais exigent qu’Ottawa tienne compte de leurs plaintes.
Cependant, les problèmes plus profonds comme les restrictions sur le gibier, les zones d’exclusion du parc national Wood Buffalo, l’utilisation des terres minières et leur détention par des non-Autochtones et l’absence d’animaux à fourrure accentuent ce sentiment de malaise permanent qui ne sera pas résolu avant de nombreuses années. Les chefs avaient accepté de ratifier le traité pour protéger leur liberté de chasser, de piéger et de pêcher, mais 38 ans après la signature de ce dernier, il est clair que le gouvernement canadien a besoin de se faire rappeler à l’ordre.