1862

Le père Émile Petitot

En 1860, Émile-Fortuné-Stanislas-Joseph Petitot s’est joint aux Oblats de Marie Immaculée, un ordre catholique-romain voué au service des plus démunis. Après sa formation en France, Petitot a été ordonné prêtre et est arrivé aux Territoires du Nord-Ouest en 1862.

Le père Petitot a d’abord été affecté à la mission de Fort Providence. Il est rapidement devenu évident pour le père que les missionnaires avaient besoin d’une connaissance pratique des diverses langues du peuple déné afin d’assurer leur conversion religieuse. Il a immédiatement commencé à préparer des dictionnaires en tłıchǫ, en chipewyan et en gwich’in. Le père Petitot s’est également intéressé au territoire.

En 1864, le père Petitot a été réaffecté à Fort Good Hope pour travailler sous la supervision du père Jean Séguin. L’Église catholique a estimé que cette supervision aiderait le père Petitot à surmonter son obsession d’explorer et de cartographier les terres pour mieux se concentrer sur sa mission.

Sans se laisser décourager, le père Petitot a effectué dix voyages, entre 1865 et 1879, autour du Grand lac de l’Ours et du delta du Mackenzie. Il a non seulement voyagé pour convertir les Dénés et les Inuvialuits, mais il a aussi produit des cartes détaillées, dessiné les paysages et les gens qu’il a rencontrés, consigné des mots autochtones pour ses dictionnaires et couché sur le papier des histoires et des légendes. Le père Petitot a participé à la conception et à la décoration de l’église Our Lady of Good Hope à Fort Good Hope, qui a été désignée lieu historique national en 1977. Ses efforts ont été limités dans les régions inuvialuites, puisque les Inuvialuits croyaient que le père Petitot avait contribué à une grave éclosion de grippe.

En 1874, le père Petitot revint en France pour superviser la publication de son Dictionnaire de la langue dènè-dindjié. Il a été honoré pour son travail aux Territoires du Nord-Ouest par son intronisation en tant que membre de la Société d’anthropologie de Paris et de la Société philologique. Petitot est retourné dans le Nord-Ouest en 1876 et a passé six ans aux prises avec des difficultés en rapport avec sa santé mentale et sa mission religieuse. Il s’est brièvement marié et a finalement été forcé de retourner à Montréal pour y être placé dans un asile. Petitot est définitivement retourné en France un an plus tard, se limitant à son rôle de curé jusqu’à sa mort en 1916.

En 1975, le gouvernement canadien a dévoilé une plaque soulignant son travail aux Territoires du Nord-Ouest. La nation métisse de Fort Providence a reconnu la valeur de l’information recueillie pendant ses voyages. Cependant, en 2001, la Ville de Yellowknife a pris connaissance de comportements inappropriés de Petitot envers des jeunes. La Ville a changé le nom du parc municipal Petitot Park pour Somba K’e en réponse à des plaintes selon lesquelles le nom de Petitot ne devrait pas être honoré. Le père Émile Petitot est décédé en France le 13 mai 1916. Sa vie et son histoire illustrent la complexité de la façon dont il faut se souvenir des gens.