1867
Les écoles de missionnaires aux TNO
L’éducation était centrale dans la rivalité continue entre les missionnaires anglicans et catholiques pour convertir les Autochtones des Territoires du Nord-Ouest. Les responsables de l’Église croyaient que l’endoctrinement religieux n’était pas aussi efficace lorsque les enfants vivaient à la maison et allaient à l’école. Le système de pensionnats missionnaires était basé sur le modèle employé dans le sud du Canada et s’est développé le long de la vallée du fleuve Mackenzie, dans le but d’assimiler les enfants autochtones à l’identité canadienne dominante.
L’archidiacre (anglican) de l’Église d’Angleterre, James Hunter, aurait enseigné les premiers cours officiels aux Territoires du Nord-Ouest en 1859. En 1867, les Sœurs grises (un ordre religieux catholique) ont fondé le pensionnat Sacred Heart de Fort Providence, s’agissant de la première école missionnaire à long terme établie aux Territoires du Nord-Ouest. Les écoles missionnaires étaient habituellement établies sur les emplacements préexistants des églises, et les premières écoles n’étaient pas toujours attachées aux résidences. En 1874, l’école St. Peter’s a ouvert ses portes à Hay River, soit la première école dirigée par des anglicans à laquelle une résidence a été ajoutée en 1895. En 1903, le pensionnat catholique-romain St. Joseph’s Residential Mission a ouvert ses portes à Fort Resolution, et faisait suite à une église anglicane qui y était installée entre 1880 et 1895. Des écoles ont ouvert leurs portes à Fort Smith en 1915, à Fort Simpson en 1918 et également à Aklavik (entre 1919 et 1925/1926) et Shingle Point (en 1929). La période des pensionnats dirigés par l’Église aux TNO s’est poursuivie jusqu’aux années 1960 et a exercé une influence durable sur l’éducation dans le Nord.
Les systèmes d’éducation eurent des impacts sociaux, culturels et politiques importants sur les peuples autochtones du Canada. Les programmes d’éducation offerts aux TNO durant ces premières années consistaient en une mosaïque complexe dirigée par les établissements religieux qui donnaient les cours. Les services d’éducation constituaient des enjeux lors des négociations des Traités 8 et 11, mais le gouvernement fédéral canadien n’est pas parvenu à faire respecter les normes d’éducation, s’en remettant aux choix de programmes des Églises organisatrices. Plus important encore, le gouvernement du Canada s’est distancé du financement de l’éducation dans le Nord, malgré les promesses faites dans les traités.
L’absence de surveillance a donné libre court aux mauvais traitements et aux comportements prédateurs. Comme le gouvernement fédéral n’a pas appuyé la création d’écoles dans un plus grand nombre de collectivités, les enfants devaient se déplacer et rester dans des pensionnats. En forçant les enfants à vivre dans des pensionnats, le gouvernement fédéral a également atteint son objectif « que les enfants indiens soient retirés autant que possible de l’influence parentale […] – en ces endroits où ils acquerront les habitudes et les modes de pensée des hommes blancs. » ; citation du Premier ministre sir John A. Macdonald, compte rendu officiel des débats de la Chambre des communes du Dominion du Canada, 9 mai 1883, pages 1107-1108.