2001
Sarah Simon : « Une bonté infinie »
Lorsque Sarah Simon, une aînée gwich’in, décède le 2 novembre 2001 à l’âge de 100 ans, les éloges à son propos fusent de toutes parts. On parle des nombreux prix qu’elle a reçus, de son travail en tant que sage-femme et de son amour pour la langue et la culture gwich’in. Pourtant, ce qui résume le mieux sa vie a été dit plus de 50 ans auparavant, en 1958, lorsque Margery Hinds écrit que Mme Simon est remplie « d’une bonté infinie, de sorte qu’elle souhaite porter secours à tout le monde ».
Sarah vient au monde le 1er mai 1901, sur les terres ancestrales aux environs de Fort McPherson. Elle est élevée par sa grand-mère paternelle, Catherine Steward. Au lieu de fréquenter un pensionnat, Sarah reste chez elle pour s’occuper de sa grand-mère aveugle; elle apprend alors à lire et à écrire auprès du missionnaire de Fort McPherson. Pour ses 19 ans, son père arrange son mariage avec James Simon, un chasseur et trappeur du Yukon.
À la fin des années 1920, M. et Mme Simon s’installent à Old Crow, au Yukon où ils vivent pendant deux ans. Cependant, sur les conseils de l’archidiacre anglican, ils déménagent à Hay River. M. Simon y suit une formation biblique tandis que sa femme étudie la musique et apprend à jouer de l’orgue.
Leur retour dans le delta du Mackenzie coïncide avec l’épidémie de grippe de 1928. Mme Simon se consacre à aider les malades. La foi inébranlable du couple ainsi que les compétences et le dévouement de Mme Simon jettent les bases pour le reste de leur vie; ils prennent ainsi soin de leur famille, de leurs amis, de leurs voisins et de parfaits inconnus, sans jamais refuser d’aider qui que ce soit.
L’expertise de Sarah en tant que sage-femme prend des proportions légendaires. Au total, elle aura aidé à mettre au monde 86 bébés, souvent dans des circonstances difficiles au sein de camps isolés. Elle est également fréquemment sollicitée comme interprète et a contribué à l’enseignement et à la promotion de la langue gwich’in dans toute la région du delta du Mackenzie.
En plus d’être récipiendaire du Prix du commissaire, Mme Simon est nommée membre de l’Ordre impérial des Filles de l’Empire et membre de l’Auxiliaire féminin de l’Église anglicane.
Lors d’une cérémonie tenue le 18 octobre 1991, le gouverneur général du Canada de l’époque, Ramon John Hnatyshyn, fait de Sarah Simon un membre de l’Ordre du Canada. Selon lui, elle est « l’un des piliers de son église et de la collectivité de Fort McPherson, et elle a voué sa vie à la préservation et la promotion de la culture des Loucheux [Gwich’in]. Excellente linguiste, elle s’est efforcée, grâce à ses services dévoués de traductrice et d’interprète, de veiller à ce que les nombreux fonctionnaires dépêchés dans les collectivités septentrionales comprennent clairement les besoins de son peuple afin qu’ils puissent les satisfaire ».