Vieux de 13 650 ans
Un bison des steppes
En septembre 2007, Shane Van Loon, un habitant de Tsiigehtchic, découvre les restes d’un animal sur le flanc d’une colline près de la rivière Arctic Red; l’érosion les a mis au jour, ils ne ressemblaient en rien à ceux que M. Van Loon a déjà pu voir.
La dépouille est celle d’un bison des steppes, une espèce qui s’est éteinte éteinte à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 10 000 ans. Cette espèce doit son nom à l’environnement dans lequel elle évoluait : les steppes, ou prairies, qui n’existent plus dans le Nord aujourd’hui. En raison de la relation entre cette ancienne formation végétale et les grands mammifères de l’ère glaciaire qui y habitaient, l’écosystème qui couvrait la majeure partie de l’hémisphère nord a été appelé la steppe à mammouths.
Les bisons des steppes sont bien plus grands que leurs descendants actuels (voir l’encart); les cornes du bison des steppes de Tsiigehtchic atteignent une envergure d’un mètre. En plus d’être le premier bison des steppes à avoir été découvert de façon naturelle aux Territoires du Nord-Ouest, la dépouille est extrêmement intéressante, car, préservés par le pergélisol, les tissus mous sont toujours intacts, ce qui n’est pas souvent le cas.
Ce sont généralement les paléontologues qui travaillent sur ce genre de découvertes, mais les archéologues du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles ont relevé le défi en collaborant avec le personnel de l’hôpital local pour en apprendre plus sur ce bison. Les employés de l’hôpital ont utilisé des rayons X et des tomodensitogrammes pour créer des images de l’animal sans avoir à le sortir de la glace. Il était essentiel de le garder gelé jusqu’à ce qu’un conservateur puisse appliquer un traitement de préservation.
La hausse des températures qui a marqué la fin de la période glaciaire a entraîné une modification de l’écosystème mondial et l’extinction de nombreux animaux vivants dans la steppe à mammouths. En Amérique du Nord, cela s’est traduit par l’extinction des espèces de chevaux, de chameaux et de paresseux. Les mammouths, y compris les mammouths laineux, les lions d’Amérique et les castors géants ont également disparu. Cependant, certaines espèces, comme le bison et le castor, ont survécu sous des formes plus petites. D’autres espèces animales, comme le caribou ou les orignaux, s’en sont sorties sans subir de changement majeur.
Bien que les animaux géants aient disparu, les histoires de l’époque où ils parcouraient le Nord sont encore très présentes à l’heure actuelle grâce aux traditions orales autochtones (voir Récits des origines pour les histoires sur les castors géants).
Histoire gwich’in – La souris tuant le mammouth
Telle que racontée par William Nerysoo (s.d.)
Dans cette histoire, un jeune homme demande conseil à son beau-père pour savoir où trouver les matériaux nécessaires à la fabrication de flèches. Le beau-père, qui planifie secrètement la mort du jeune homme, l’envoie au pays des grands animaux trouver des os qui lui serviront à fabriquer des pointes de flèches. Se retrouvant face à un mammouth, le jeune homme demande de l’aide à une souris et lui dit : « Petite souris, cours sur la patte arrière de ce gros animal. Entre dans son rectum et mâche le long de sa moelle épinière jusqu’à ce que tu arrives à son artère principale. Tu auras alors beaucoup de nourriture ». La petite souris l’écoute et tue le mammouth. Aujourd’hui encore, on peut voir de minuscules traces de souris sur la colonne vertébrale des grands animaux.
Après avoir fait face à d’autres difficultés alors qu’il ramasse du bois et des plumes pour ses flèches, le jeune homme en fabrique une et l’utilise pour tuer son beau-père.